Le premier août, nous avons célébré notre vingt-cinquième anniversaire ! L’occasion d’un petit voyage dans le temps : retour en 1994 dans la dangereuse Phnom Penh où trois jeunes voyageurs se sont lancés un défi. Celui d’apporter une aide à long terme aux nombreux enfants des rues ravagés par les années de conflits khmer rouge et post khmer rouge.
Défis…et solutions
Sébastien Marot, fondateur et directeur exécutif de Friends-International, et son amie Barbara sont arrivés au Cambodge début 1994. Ils y ont rencontré un autre voyageur, Mark, qui, comme eux, était scandalisé et profondément ému par le sort des enfants des rues. Des rues dangereuses, de jour comme de nuit, dans lesquelles les armes à feu et les mines antipersonnel étaient monnaie courante.
1994 a été une année charnière synonyme d’espoir pour pour le pays avec la mise en place de l’Autorité transitoire des Nations Unies chargée de superviser la transition du pays vers la démocratie, parallèlement à l’afflux des aides internationales. Malgré leur manque d’expérience dans le secteur du développement, Sebastien, Barbara et Mark se sont vite rendus compte que des alternatives sûres pour ces enfants manquaient et ont décidé de faire quelque chose.
A leurs débuts, ils ont commis de nombreuses erreurs dans leur façon de procéder en essayant de développer ce qu’ils pensaient être bien pour les enfants sans connaître vraiment le contexte local. Après avoir rapidement compris qu’il était indispensable d’écouter réellement les besoins de ces enfants afin de les aider à réaliser leurs espoirs d’une vie meilleure, ils ont recruté un volontaire local qui pour faciliter la communication.
L’éducation et l’accès à un hébergement sûr étant les premiers besoins identifiés, les trois amis fondèrent donc le premier programme Friends-International, Mith Samlanh (qui signifie «amis proches» en khmer). Ils ont ouvert un centre d’accueil pour jeunes le 1er août 1994.
Cette première nuit, 17 jeunes sont arrivés avec enthousiasme au centre Mith Samlanh, dans le quartier Toul Tom Pong de Phnom Penh, pour y passer la nuit.
Dix jours plus tard, il n’en restait plus qu’un…
Apprendre de ses erreurs
Pourquoi étaient-ils partis? La réponse est simple. Les besoins identifiés étaient satisfaits, mais pas d’une manière excitante et engageante. En retournant dans la rue pour discuter avec eux, les trois amis se sont aperçus qu’ils avaient mis en place une approche trop traditionnelle et restrictive. Ces enfants avaient besoin de solutions flexibles, un environnement dans lequel ils se sentaient à l’aise. Ils ne devaient pas s’adapter au modèle de Friends, c’est Friends qui devait s’adapter à leurs besoins et envies !
Une croissance rapide
Cette philosophie et cette vision a été le socle du travail de Friends depuis ce jour. Les voix des enfants et des jeunes ont façonné l’éventail des programmes de construction des avenirs mis en place pour les soutenir. Un personnel local était en place, les effectifs ont rapidement augmenté et des programmes d’éducation et de formation ont été mis au point. Cependant, une autre crise commençait à se profiler. Les fonds devenaient insuffisants et la fermeture semblait inévitable… jusqu’à ce qu’AusAID intervienne pour couvrir plusieurs années d’activités essentielles.
Créer de nouveaux modèles
Avec cette base sécurisée, une réelle croissance pouvait avoir lieu ! Le travail de proximité dans les rues et dans les communautés (volet “sauver des vies”) a vite été bien établi. Les programmes d’éducation et de formation (volet “construire des avenirs”) aidant les jeunes à sortir de la rue, à retourner à l’école et à trouver un emploi ont rapidement été construits. Et comme Friends n’a jamais eu l’intention de ne compter que sur des dons extérieurs, nous avons vite développé des modèles innovants d’entreprises sociales. Les projets de formation professionnelle, telle que la formation en cuisine, ont été intégrés à des environnements de travail réels et ouverts au public.
Le succès de ces projets, tels que Friends the Restaurant à Phnom Penh, a conduit à sa reproduction au Cambodge. L’intérêt croissant d’autres pays de la région confrontés à des problèmes similaires avec des jeunes marginalisés a conduit à l’ouverture de programmes Friends en Thaïlande, au Laos et en Indonésie, suivis par un programme européen, Friends Suisse, quelques années plus tard. Une initiative mondiale de protection des enfants, le mouvement ChildSafe, a été lancée pour la première fois au Cambodge en 2005. Des partenariats solides au travers de l’Alliance ChildSafe et l’Alliance TREE permettent aussi le développement quotidien et le succès des projets.
De 17 jeunes ce premier soir en août 1994, à plus de 145 000 personnes soutenues par Friends et ses partenaires en 2018, nous avons parcouru bien du chemin. Nous pouvons dire que le défi est rempli, mais le travail continue toujours !
Ensemble, construisons des avenirs !